La Revue Poétique :

Qui étais-tu Antonin Artaud ? par MioModus.

In A leur propos. on août 13, 2010 at 2:00

Qui étais-tu Antonin Artaud ?

« Qui suis-je?
D’où je viens?
Je suis Antonin Artaud
et que je le dise
comme je sais le dire
immédiatement
vous verrez mon corps actuel
voler en éclats
et se ramasser
sous dix mille aspects
notoires
un corps neuf
où vous ne pourrez
plus jamais
m’oublier. »

C’est cette phrase qui résume le mieux Antonin Artaud, écrite de sa main, au carrefour de la création absolue. Elle résume sa folie destructrice et la magie des ses écrits.

Artaud est un poète inclassable. Un poète qui n’aimait que lui et qui reléguait les écrits des autres à mille lieux de sa poésie, de son esprit. Je pense qu’il ne lisait pas les autres ou très peu, que cela n’en valait pas la peine pour lui.

Pourtant, quand on a lu Artaud, on ne s’en remet pas vraiment, on se pose des questions , on interroge le temps. Il faut de la force pour ne pas se laisser influencer dans ses écrits par les siens… Lire Artaud et ne plus écrire pendant un moment.

« Si l’on pouvait seulement goûter son néant, si l’on pouvait se bien reposer dans son néant, et que ce néant ne soit pas une certaine sorte d’être mais ne soit pas la mort tout à fait. Il est si dur de ne plus exister, de ne plus être dans quelque chose. La vraie douleur est de sentir en soi sa pensée se déplacer. Mais la pensée comme un point n’est certainement pas une souffrance. J’en suis au point où je ne touche plus à la vie, mais avec en moi tous les appétits et la titillation insistante de l’être. Je n’ai plus qu’une occupation, me refaire. » (L’Ombilic des Limbes).

Antonin Artaud a toujours été un poète incompris et le reste encore aujourd’hui. Beaucoup de lecteurs ont tenté de lui résister en rejetant son œuvre. Et à l’instar de Serge Gainsbourg qui le fit avec son génie et sûrement pour la rime à le trouver complètement « marteau ».

Mais, lire Artaud c’est comme prendre un bateau sur une mer déchaînée, il faut avoir le cœur bien accroché. Il faut se laisser porter par le vent de sa folie, unique en mon sens. Et accepter de partir à la dérive au vent de l’envie pour voler sur le souffle et la force de ses rimes.

Lisez Pour en finir avec le jugement de dieu, ou alors pour les plus hardis écouter la fameuse émission radiophonique que vous devriez retrouver facilement sur la toile. Sa voix était à couper le souffle et vous poursuivra pendant quelques temps…

Enfin, comment ne pas vous parlez de Suppôts et Suppliciations qui est sans nul doute le texte le plus splendide du poète où toutes normes littéraires et poétiques furent écartées.

« Je ne viens pas d’un père et d’une mère faits d’un dédoublé qui s’unifie sur le dos vertébral du soi-même de son enfant. Je viens de moi, vraiment de moi […] ».

Dans ce recueil, il lance sa plume au plus profond de l’être et fait de sa folie une force de vie.

Des textes écrits à une période charnière de sa vie : les derniers temps de son enfermement à l’asile, sa libération puis son retour à Paris.

Ne soyez pas rebuter par la violence verbale de cette création mais ne vous laissez pas envoûter…

La mer a la ligne sublime comme un poème d’Antonin Artaud se déchaîne comme ses vers du haut dans la brume…

Merci pour votre œuvre Monsieur Artaud, où que vous soyez les poètes vous accompagnent.

  1. Un poème inclassable c’est bien le terme qui lui va le mieux, perturbant en tout cas.

  2. Ne t’inquiète pas, Gérard, on t’a bien lu. Merci d’avoir commenté cet article.

  3. Vaste monde
    à la hauteur
    des rêves
    qui nous entourent.

    Foule sur le sol –
    éparpillement.

    Reflets du temps sur le brise-lames.

  4. Un grand article ! On sent que vous aimez ce poète. MioModus vous avez une plume magnifique.

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